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Mention pour la Scribouillasse

Aujourd’hui est un jour à marquer d’une pierre blanche. D’abord, parce qu’aujourd’hui, les Belges se mobilisent.

Tous à Bruxelles et réclamons justice pour le climat ! Sauvons ce qui est encore possible de l’être afin que les générations futures puissent elles aussi s’émerveiller sur le chant des abeilles en été, rêver sur l’herbe et suivre le ballet de poissons étincelants dans les rivières. Non, je ne parle pas des ours polaires ni de la banquise, non pas parce qu’il est trop tard ni parce que je n’en ai rien à faire, bien au contraire, mais parce que ce qui est en jeu, aujourd’hui, c’est nos campagnes, nos insectes, nos oiseaux. Tout ce qu’on a toujours considéré comme acquis et qui se meurt sous nos yeux. Mon royaume pour un champ de lucioles sous la lune !

Alors oui, aujourd’hui, j’ai enfourché mon vélo et j’ai parcouru la dizaine de kilomètres qui me séparaient du point de ralliement de la gare du Nord. Un chemin que je connais par coeur, je l’emprunte chaque jour, sur ce même vélo.

…Sois le changement que tu veux voir dans le monde…

Alors on l’a fait. Sans heurts ni dérapages.

75000 personnes dans les rues de Bruxelles, venues des quatre coins de notre petit pays : Bruxelles, bien sûr, mais aussi Anvers, Gand, Ypres, Liège, Marbehan, Arlon, Namur, Wavre, Gembloux, Charleroi, Verviers, Bütgenbach, qu’ils parlent français, flamand, allemand, mais aussi anglais, espagnol, portugais, polonais, arabe. Venus en bus, à pied, en train ou à vélo. La Belgique, de tous ses citoyens, de toutes ses racines, s’est soulevée en une énorme vague verte qui, nous l’espérons, se répercutera jusque dans les salons de Kadowice, où se tient la COP 24. Un grand souffle d’espoir sur Bruxelles en ce jour de décembre gris et pluvieux…

On était partout
à perte de vue
une roue, deux roues, trois, quatre, plus, pas du tout…
on était si nombreux qu’on ne pouvait plus avancer

Une roue, deux roues, plein de roues, pas de roues, avec le chien, les enfants, la famille, tout seul ou entre amis, les Belges ont défilé ce dimanche, soutenus par les automobilistes pourtant bien coincés dans les embouteillages inévitables, par la population qui applaudissait, la musique qui nous accompagnait et par tous ces enfants rayonnants dans nos rangs.

Mais ça n’est pas tout.

Aujourd’hui, c’était aussi la remise du 4ème prix littéraire Alexandre de Belgique. Une récompense décernée tous les deux ans à deux auteurs belges (un francophone, un néerlandophone) en l’honneur d’un prince amateur de livres, d’histoire et de science, trop tôt disparu. Chaque édition se voit attribuer un nouveau thème. Cette année, c’était le roman policier qui était mis à l’honneur. J’avais été prévenue il y a quelques jours : sur 18 livres en lice, « Ring Est » était arrivé deuxième ex-aequo et recevait donc une mention honorable du jury ! Etre arrivée si loin, déjà, est une surprise : après tout, 2017 et 2018 ont vu une belle brochette d’auteurs belges publier des polars ! Et avec des pointures comme Caroline de Mulder ou Sarah Berti (vous vous souvenez, je les avais rencontrées lors de la super soirée « Polar au féminin » organisée par l’excellente libraire l’Oiseau-lire de Visé), par exemple,  je n’avais pas beaucoup de chance de remporter la mise. Les qualités littéraires de leurs oeuvres dépassent de beaucoup celles de mon premier petit opus. Voilà qui m’intrigue : qui donc est le mystérieux gagnant et avec qui me retrouvé-je ex-aequo ?

J’ai donc bifurqué à gauche tandis que mes compatriotes continuaient leur progression vers le parc du cinquantenaire pour arriver à temps à la remise des prix. Ce n’est pas tous les jours qu’un polar se fraie un passage dans les antichambres de la famille royale !

Mon vélo garé devant le Cercle Royal Gaulois, bien cadenassé, ma veste fluo jaune et mon pantalon de pluie bien rangés au fond de mon sac (jaune), mon casque (jaune aussi) attaché au sac, me voilà à l’intérieur d’un des plus beaux salons de Bruxelles.  je me sens un peu gauche avec mes affaires de vélo en bandoulière parmi ces dorures et tapisseries d’époque, les portraits des rois Albert II et Philippe qui me dévisagent sourcils froncés, mais qu’importe. Là, je retrouve Sarah Berti et mon oeil frise. « C’est toi qui as gagné », lui murmuré-je, et elle m’adresse un sourire rayonnant. « Je suis contente de te voir, j’avais peur de ne tomber sur personne que je connais », me répond-elle avant de baisser encore la voix « oui, j’ai gagné ». Je suis aux anges. Non seulement, j’avais deviné juste, mais ça veut dire que la concurrence a vraiment été rude. Ce deuxième prix ex-aequo, « Ring Est » ne l’a pas volé ! « Avant les Tournesols » est un bijou de roman noir. Sarah mérite plus qu’amplement ce prix !

J’avise Patrick Delperdange au fond de la salle et mes deux comparses Yves et Laurent (Yves Laurent, « Jeux de Mains »), eux aussi participants au prix, qui m’interpellent aussitôt : « c’est toi qui as gagné, hein! ». Eclats de rire. On a tous tenté de deviner l’identité du vainqueur avant la remise.

Finalement, je repars avec un nouveau titre* à lire : « Salomé pour Toujours » de Philippe Colmant, mon ex-aequo. J’espère qu’il existe en version Kobo, parce que j’ai bientôt fini mon livre en cours. Et, pour la petite histoire, ça fait quand même quelque chose quand une princesse vous félicite pour votre livre, que Stéphane Bern vous déclare « j’ai hâte de me plonger dedans » et qu’un vicomte souligne l’excellente qualité de votre écriture.

*bon, j’ajoute aussi ceux du gagnant et du mentionné néerlandophones, hein !

Quand je vous que Stéphane Bern était là, avec la princesse Léa de Belgique et Sarah Berti
Gunter Opdecam, notre lauréat néerlandophone
Les trois mentions du jury avec la princesse
Non, ce n’est pas Stéphane que je voulais montrer, mais Patrick, planqué tout derrière 🙂

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