182 Kilomètres – Acte II : Wépion

Après ma commune d’adoption, voilà que je mettais les voiles dès l’aube, le samedi, pour les vertes collines de mon village natal entre lesquelles dérivent les méandres placides de ma Meuse chérie. Wépion, le village des renards, fierté namuroise, terre de fraises. Bref, le pays qui m’a vu grandir. Vous avez déjà pu admirer le paysage dans le Silent Sunday de cette semaine, mais qu’à cela ne tienne, je vous le refourgue une fois de plus (après tout, quand c’est joli, on dit toujours oui 🙂 )

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Cette fois, c’était pour ma première dédicace en librairie, et pas n’importe laquelle ! La Librairie Franlu, aussi appelée Librairie du Fourneau (bien qu’elle ait changé de place), le lieu de passage inconditionnel de tous les wépionnais. On y trouve de tout ! Des livres, des journaux et des magazines, bien sûr, mais aussi de la papeterie, des bics, des cartes postales…et surtout, le plein de bonne humeur ! Car chez Laurence et son mari, sourire et répartie joyeuse (« spittante » comme on dit par là-bas) sont au rendez-vous ! A peine arrivée, c’était déjà parti pour les taquineries avec monsieur (chose promise, chose dûe, il y aura, d’une façon ou d’une autre, un libraire assassiné par « le tueur à la fraise » dans l’un de mes prochains romans) et les échanges de vieux souvenirs d’écoles (la primaire ET la secondaire) avec madame qui m’avait précédé de peu dans les deux établissements (et dire que j’avais oublié Mr Quinaux, mon prof de Français de première secondaire ! je suis impardonnable !). Ah, je vous le dis, il règne une sacrée ambiance, à la librairie de Wépion ! Bref, ça discute, ça rigole, ça taquine…et ça fait une sacrée pub pour Ring Est ! Parce que ça faisait déjà deux semaines que mon bouquin trônait fièrement sur leur comptoir :

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Et là, ils m’avaient préparé une table, juste pour moi, avec tout un stock de bouquins à faire pâlir d’envie les plus grands ! Vite, vite, on prend place, parce que le premier lecteur débarque ! Oh, une tête connue (un ami et ancien collègue qui avait profité de mon déplacement « à domicile » pour venir me faire coucou et s’offrir un polar) ! Puis, on découvre qu’après Internet, Le Moustique a aussi publié un article dans son hebdomadaire papier. Allez, hop, sur la table, bien en évidence ! C’est qu’il faut attirer le chaland !

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La porte s’ouvre, se referme, les clients défilent, jettent un coup d’oeil à ma table, certains sont là pour moi, d’autres sont de passage, beaucoup viennent me voir.

« Vous êtes de Wépion ? Je vais vous en acheter un, alors ! »

« Oh, c’est du polar ! j’adore le polar ! »

« Ouh là, ça a l’air de faire peur, votre livre »

« Heeeeey ! mais comment tu vas ? ça fait 20 ans qu’on ne s’est plus vues »

« Pour la dédicace, mettez que c’est pour la petite Lily » (authentique ! J’étais tellement scotchée que j’ai écrit Lyly parce que je parlais en même temps…de ma petite Lily du livre ! :p )

« Je ne pouvais pas passer à côté de ça, ma copine de primaire qui publie un bouquin »

« Vous savez quoi, je vais en prendre deux ! »

« Tu sais, je n’ai lu qu’un seul roman en 40 ans : Le Mystère de la Chambre Jaune. Le tien, ce sera le deuxième »

« Et vous avez eu un prix, en plus ! Eh ben bravo, dites ! Faudrait que vous passiez dans Livrés à Domicile, ça plairait sûrement à Michel Dufranne » (authentique aussi ! j’ai retourné le livre pour montrer la petite citation de Michel sur le 4ème de couverture :D)

Puis…le coup de coeur total. Je ne pense pas en avoir déjà parlé ici, mais il y a une personne qui a eu une influence monumentale sur mes choix de lectures et ma détermination (gardée très longtemps en sourdine, certes, mais euh…hum…soit) à poursuivre dans l’écriture. Ma prof de français de 5ème et rhéto : Mme Bister. Elle avait très tôt détecté la plume encore hésitante de l’ado bourgeonnante que j’étais, et lui avait donc donné du grain à moudre (bizarre, pour une plume, mais ça se tient, je vous jure). C’est elle qui m’avait fait découvrir mon premier Série Noire (« La Belle de Fontenay » de J-B Pouy). Elle, encore, qui avait plaidé ma cause lors de la remise du prix de dissertation. Elle, enfin, qui avait défendu une de mes nouvelles face à une prof remplaçante qui ne voulait pas la coter parce que le texte regorgeait d’argot. Quand j’avais quitté l’Athénée, mon diplôme de secondaire en poche, je m’étais jurée d’aller lui offrir mon premier livre. Mais après 22 ans, n’est-ce pas, la tâche est plus ardue. Déjà parce qu’il y avait de grandes chances qu’elle ne donne plus cours. Ensuite parce qu’il fallait encore la retrouver. J’avais donc retourné tout Namur sans beaucoup d’espoir, fouillant les arcanes du Net à la recherche de ma prof dans les archives publiées de l’Athénée. Et là…miracle ! Non seulement je l’ai retrouvée, mais en plus ELLE EST VENUE !!! C’était extraordinaire de la revoir, et dans de telles circonstances ! Elle est restée comme dans mon souvenir : enthousiaste, encourageante, motivante et débordante d’idées : et pourquoi pas le prix des Lycéens ? et un dossier pédagogique pour les 5èmes et rhétos ? (c’est marrant, cette idée avait été aussi abordée la veille à Koningslo auprès de mon éditeur, lequel est fort présent dans les écoles, mais pour les niveaux inférieurs)…et tout ça, sans même avoir lu une ligne du livre ! On râle souvent sur le corps enseignant, mais pour moi, comme pour beaucoup de mes amis, la vocation est née en classe, face à un (ou une) prof animé(e) par le feu sacré, alors MERCI à tous les instituteurs, institutrices, professeurs et enseignants de tous poils qui nous rendent chaque jour un peu moins bêtes et PARDON pour toutes les blagues de potaches que toutes les générations d’ados idiots vous font subir chaque année 😀

Oh, et bien sûr, je n’ai pas pu lui offrir le livre, elle l’a acheté*...et a complété le geste par l’achat de deux autres exemplaires à offrir en cadeau !

*Le prochain, elle n’aura pas le choix, il sera dans sa boîte aux lettres avant même qu’elle sache qu’il est sorti, na !

Enfin, et même s’il n’a pas pu venir, mon autre coup de coeur du jour sera pour mon instituteur de primaire, Mr Bouchat, qui voulait me faire une surprise, avoir une dédicace et m’apporter des photos de classe de l’époque (oui, 30 ans après, il se souvient encore de moi…je vous dis pas la pipelette que je devais être :p)

A demain pour l’Acte III – Jette et, en attendant, merci à Christophe, Nathalie, Bénédicte et Bruno qui m’ont prouvée que 5 ans, 20 ans et même 30 ans ne changent rien à l’affaire…merci, du fond du coeur !

 

 

5 commentaires sur “182 Kilomètres – Acte II : Wépion

  1. C’est vrai qu’on a une dette envers certains de nos enseignants, ceux qui ont su déclencher le goût de la lecture, nous faire découvrir des auteurs pour lesquels on garde à vie une passion, qui ont su aussi découvrir nos petits talents et les ont mis au grand jour. On leur doit un immense merci, je garde aussi pour quelques uns une reconnaissance émue.
    C’est un vrai pèlerinage pour toi, ces séances de dédicaces, tu vas faire des envieux parmi tes « collègues » écrivains! 🙂

    1. Oh non, je pense qu’ils se reconnaîtront plus qu’ils ne m’envieront parce qu’ils ont déjà fait leurs pélerinages…ils sont peut-être un peu plus discrets que moi sur le sujet 🙂

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